«Ce n'est pas aux politiques d'écrire l'Histoire!» dit Pierre Nora
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Lorsque l'Etat prétend figer une vérité, sous peine de prison, cela devient un dogme et le début de la tyrannie. Toute " vérité " est provisoire, datée, fruit d'un débat permanent, en constante évolution. Pierre Nora est un homme de haute conscience, que nul ne peut soupçonner de complicité intellectuelle envers les négationnistes. Comme la plupart des historiens, Pierre Nora ne pas voit pas d'un bon œil la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien, qui vient d'être adoptée par l'Assemblée Nationale. Lire ici.
Présenté par une députée du parti présidentiel, le texte prévoit un an de prison et 45.000 euros d'amende en cas de négation d'un génocide reconnu par la loi française. Les parlementaires de droite et de gauche ont annoncé qu'ils voteraient en sa faveur. Le texte est la suite logique de la loi votée en 2001 reconnaissant l'existence d'un génocide des Arméniens entre 1915 et 1917.
Pour les historiens, le fait de voter une loi en France sur une question qui ne concerne pas l'histoire nationale est problématique: «Va-t-on faire une loi pour tous les crimes du monde? Pour ceux commis par les communistes en Russie ou pour le génocide des Indiens en Amérique?», s'interroge l'historien Gilles Manceron, qui soupçonne que la question ait surtout été soulevée à des fins politiques.
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Présenté par une députée du parti présidentiel, le texte prévoit un an de prison et 45.000 euros d'amende en cas de négation d'un génocide reconnu par la loi française. Les parlementaires de droite et de gauche ont annoncé qu'ils voteraient en sa faveur. Le texte est la suite logique de la loi votée en 2001 reconnaissant l'existence d'un génocide des Arméniens entre 1915 et 1917.
Pour les historiens, le fait de voter une loi en France sur une question qui ne concerne pas l'histoire nationale est problématique: «Va-t-on faire une loi pour tous les crimes du monde? Pour ceux commis par les communistes en Russie ou pour le génocide des Indiens en Amérique?», s'interroge l'historien Gilles Manceron, qui soupçonne que la question ait surtout été soulevée à des fins politiques.
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L'Histoire doit rester «une source de débat»
D'autres historiens sont plus radicaux dans leur rejet total de toutes les lois mémorielles. «Le politique doit s'occuper du passé mais il lui incombe d'orienter la mémoire collective par des commémorations, des résolutions, des hommages, des réparations financières éventuelles, il ne lui revient pas de faire des lois qui figent complètement l'histoire, qui doit être laissée aux historiens», affirme Pierre Nora.
«Nous sommes contre l'histoire officielle et nous estimons qu'il ne doit pas y avoir d'entrave au travail de l'historien. Or, dès l'instant qu'il y a une loi, il y a des risques de poursuite. L'histoire est avant tout une source de débat et doit le rester dans une démocratie», renchérit l'historien Christian Delporte.
Leur combat n'est pas nouveau. Dès 1990, la loi Gayssot avait suscité de fortes réactions parmi les chercheurs. Pierre Vidal-Naquet avait exhorté le pouvoir à ne pas chercher à établir une vérité officielle. En 2006, 19 historiens signent une pétition demandant l'abrogation de la loi Gayssot, de la loi reconnaissant le génocide arménien, de la loi Taubira reconnaissant la traite et l'esclavage en tant que crime contre l'humanité et enfin de la loi sur l'intégration dans les programmes scolaires du rôle positif de la colonisation française.
Les signataires y rappellent certains principes fondamentaux, parmi lesquels: «L'histoire n'est pas la morale. L'historien n'a pas pour rôle d'exalter ou de condamner, il explique». «L'histoire n'est pas l'esclave de l'actualité. L'historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains», ou encore «L'histoire n'est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique».
«Nous sommes contre l'histoire officielle et nous estimons qu'il ne doit pas y avoir d'entrave au travail de l'historien. Or, dès l'instant qu'il y a une loi, il y a des risques de poursuite. L'histoire est avant tout une source de débat et doit le rester dans une démocratie», renchérit l'historien Christian Delporte.
Leur combat n'est pas nouveau. Dès 1990, la loi Gayssot avait suscité de fortes réactions parmi les chercheurs. Pierre Vidal-Naquet avait exhorté le pouvoir à ne pas chercher à établir une vérité officielle. En 2006, 19 historiens signent une pétition demandant l'abrogation de la loi Gayssot, de la loi reconnaissant le génocide arménien, de la loi Taubira reconnaissant la traite et l'esclavage en tant que crime contre l'humanité et enfin de la loi sur l'intégration dans les programmes scolaires du rôle positif de la colonisation française.
Les signataires y rappellent certains principes fondamentaux, parmi lesquels: «L'histoire n'est pas la morale. L'historien n'a pas pour rôle d'exalter ou de condamner, il explique». «L'histoire n'est pas l'esclave de l'actualité. L'historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains», ou encore «L'histoire n'est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique».